>Dans une Techtopie, le lieu de travail est le plus grand et le plus puissant des magnets. Il monopolise le temps, l’énergie et la dévotion de la communauté. Tous les autres magnets — famille, communautés religieuses, associations, organisations politiques, clubs artistiques — sont des magnets beaucoup plus petits, et beaucoup plus faibles en comparaison de cet immense magnet. Si l’une de ces institutions souhaite obtenir un peu du temps et de l’énergie de la communauté, elle doit se mettre au service de cet immense magnet qu’est le lieu de travail technologique.
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>Les personnes extérieures à ces lieux technologiques avec lesquelles j’ai pu m’entretenir — personnalités publiques, gérants de petites entreprises, représentants religieux — me disaient que les gens n’avaient plus le temps de s’engager en politique ou dans les associations locales. Les individus s’investissent tellement sur leur lieu de travail qu’ils finissent par déserter et par appauvrir le domaine public.
https://www.numerama.com/tech/1222956...-religion-dans-la-silicon-valley.html
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https://www.courrierinternational.com...olitude-le-malaise-des-expats-en-asie
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https://www.courrierinternational.com...ation-flemme-non-generation-bien-etre
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Selon Han, les pathologies de l’époque présente (burn-out, dépression) ne résultent pas de contraintes ou de formes d’exploitation, mais d’un excès de positivité ou de liberté, et de l’exigence de perfection et de performance que chacun s’impose à lui-même, une « exploitation volontaire de soi ».
Si Han a raison d’insister sur un changement de paradigme, un tournant individualiste dans une société qui valorise la productivité et condamne le temps « inutile », il est néanmoins loin d’être démontré que les contraintes extérieures ont disparu. Au contraire, ces « valeurs » d’accomplissement et de réussite sont aussi déterminées par les contextes et institutions qui exigent de plus en plus le développement des compétences, une évaluation et un contrôle de plus en plus renforcé de la performance mais aussi de la personne.
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« Par manque de repos notre civilisation court à une nouvelle barbarie. En aucun temps les gens actifs, c’est-à-dire les gens sans repos, n’ont été plus estimés. » Nietzsche critiquait une société qui ne comprenait plus l’importance de la lenteur, de la contemplation et du repos, n’accordant de crédit qu’à l’activité et l’utilité.
Avant Nietzsche, Karl Marx écrivait dans Le Capital (1867) que l’une des injustices fondamentales du système capitaliste était le fait qu’il privait les individus du temps de repos nécessaire, « vol ant » le temps qui devrait être employé à respirer l’air libre et à jouir de la lumière du soleil » et exigeant de la part de chacun un effort maximal, n’accordant qu’un repos minimal « sans lequel l’organisme épuisé ne pourrait plus fonctionner. »
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Plus que le symptôme d’une société individualiste où chacun vise l’accomplissement personnel, nous émettrions l’hypothèse que le discours contemporain sur la fatigue dévoile l’inadéquation ressentie de manière de plus en plus vive entre les systèmes économiques et sociaux au sein desquels nous vivons et travaillons, et nos besoins et aspirations en tant que vivants humains.
https://theconversation.com/la-fatigu...iecle-ou-revendication-sociale-155251
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